Peut-on penser
que l’Occident sortira de l’impasse post-moderniste grâce
aux nouvelles formes offertes par les technologies : l’ordinateur,
le réseau, les NTIC ou est-ce purement de l’utopie?
On l’oublie souvent mais l’art a toujours évolué
étroitement avec l’évolution des sciences et techniques.
L’art intègre depuis toujours les nouvelles techniques
mises à sa disposition, depuis les fresques préhistoriques
au pigment naturel à la fresque a tempera en passant par l’invention
de la toile ; Internet et l’informatique n’échappent
pas à cette règle .
« Comment un créateur attentif aux mutations esthétiques,
passionné par les révolutions technologiques et impatient
devant le bouillonnement des idées pourrait-il rester encore
longtemps en dehors de la toile tissée par le réseau mondial
d’informations ? » question rhétorique que Jacques
Lang nous pose. En ce début de siècle, il est clair que
le monde de l’art ne peut ignorer son temps. Les savoirs, les
pratiques, les valeurs, évoluent, changent sous l’impulsion
des technologies, un nouveau monde informatisé se substitue progressivement
à l’ancien. L’expression artistique ne peut renier
son époque et exclure les acquis scientifiques et technologiques
de son temps. Elle doit s’adapter à l’aire du numérique
dans laquelle nous sommes plongé…
En effet, la communauté artistique investit les réseaux
et non pas avec comme finalité l’idée d’ ajouter
une vitrine supplémentaire aux médias existants, en utilisant
Internet comme un media pur, ou comme une forme de galerie (Ou les œuvres
sont exposées, comme accrochées à une cimaise virtuelle,
souvent accompagnées de commentaires, d’explications, voire
d’interviews) mais réellement pour déborder des
cadres convenus ou prévisibles de la création artistique.
Il s’agit alors pour ces artistes de transcender la posture de
la contemplation des œuvres leur permettant d’explorer la
dimension artistique ou esthétique de la cyberculture, responsable
de l’effondrement de leurs certitudes et de leur créativité.
L’expérimentation, cette posture de recherche et de découvertes
permanentes devient une nouvelle priorité, afin d’explorer
l’étendu des possibilités, des surprises et des
fulgurances, dans un contexte ou ni limites ni lois son définies..
« Happés par ce dynamisme électronique, soulevés
par l’invention, motivés par la tentation et la curiosité
intellectuelle, les artistes, connus ou en devenir, sont de plus en
plus nombreux à investir ce champ de connaissances et de loisirs.
» (J. LANG). L’important, la priorité c’est
de faire cohabiter et interagir dans certains lieux une logique artistique,
une logique scientifique et une logique technologique. Les artistes
bousculent justement les frontières de la création en
faisant interagir la « manualité » des instruments
traditionnels de l’art et l’immatérialité
des nouveaux outils technologiques ; ils utilisent tous les moyens d’expression
plastique mis à leur disposition (matériel et/ou immatériels)
tous confondus.
L’introduction des NTIC dans le monde de l’art bouleverse
profondément celui ci, et nous oblige à réexaminer
des concepts que nous imaginions fixés pour toujours. Parmi les
concepts changés, nous étudierons successivement le concept
d’artiste, et sa création artistique, celui de spectateur,
et corrélativement celui du cyber@rt, ses mythes et réalités.
Ces concepts qui ne pouvant rester figées dans des formes immuables,
impropres et inadaptées aux métamorphoses en cours se
transforment, et évoluent avec leur temps.